> Circuit ornithologique sur la Côte Atlantique et la région du Sous-Massa (du 21 au 25 juin 2014)
Cette région, nous la connaissons bien pour l’avoir parcourue plusieurs fois, Omar et moi. Nous sommes venus une première fois dans la région d’Agadir et de la réserve du Sous-Massa en novembre 2009 avec deux amies ornithologues, alors que je n’étais pas encore installée au Maroc. Ce circuit de 10 jours démarrait d’Agadir et se concentrait un peu plus sur le territoire du Sous-Massa (Tamri, réserve du Sous-Massa, Taliouine, Taroudant, Tafraout, Aoulouz). Nous sommes revenus tous les deux en août 2012 pour un circuit plus large, au départ de Marrakech (Essaouira, Sidi Kaouki, Imouzzer, réserve du Sous-Massa, Mirleft, Plage Blanche, Guelmim, Tafraout, Tizi’n’Test, Marrakech) similaire à celui-ci.
Celui que nous avons programmé cette fois-ci a été légèrement raccourci et condensé et devra être approfondi en certains endroits pour de meilleures observations.
Samedi 21 juin : Départ de Marrakech vers Essaouira
Sur la route d’Essaouira, entre Marrakech et Chichaoua, observation de nombreuses Tourterelles turques (Streptopelia decaocto) et de Pies-grièches méridionales « algeriensis » (Lanius meridionalis algeriensis) sur les fils électriques. Tout comme la Pie-grièche grise, dont le manteau est plus clair, elle a les ailes noires marquées d’une grosse tache blanche, un bandeau noir sur l’œil, mais sans sourcil blanc, le bec gris foncé, la gorge blanche et la queue noire aux bords blancs. Quelques Pies bavardes « mauretanica » sautillent au sol (Pica pica mauretanica). Elles se différencient de nos pies par une petite tache bleue bien marquée derrière l’œil. Une Buse féroce (Buteo rufinus cirtencis), méfiante, toise les champs du haut d’un pylône.
A l’approche d’Essaouira, le paysage se distingue par de grandes forêts d’arganiers sur une quinzaine de kilomètres. Le tronc de l’arganier sert à fabriquer le charbon de bois, ses feuilles et ses fruits nourrissent dromadaires et chèvres, qui en digèrent la pulpe et en rejettent le noyau. Celui-ci est recueilli par les bergers. On extrait de son amande l’huile d’argan, utilisée dans l’alimentation et les cosmétiques. A certains endroits stratégiques de la route, des grappes de chèvres sont placées dans les arbres et atteignent acrobatiquement les ramifications les plus jeunes. A l’arrêt des voitures et autocars de touristes, les bergers assis à l’écart se rapprochent pour recueillir quelques dirhams.
Arrivés à Essaouira, nous allons manger des grillades de poissons sur l’ancienne place du Marché aux grains, en face du souk Jdid. Chats et goélands sont au rendez-vous… ainsi que les musiciens traditionnels, avec leur crincrin, leur gandoura blanche, leurs babouches avec lesquelles ils martèlent le sol en rythme et font des petits bonds en l’air.
Rapide promenade dans la médina pour rejoindre les remparts de la Skala puis le port, le temps de reconnaître quelques Goélands leucophées (Larus michahellis), en nombre dans la région. Fort proche du Goéland argenté, ils s’en distinguent par une tête plus blanche, un bec fort à bout bien crochu, l’angle du gonys saillant et à leurs cercle orbitaires rouges. Nous prenons la voiture pour rejoindre le pont de Diabat, dont il ne reste que quelques arches perdues au milieu du maquis, entre genêts, tamaris et mimosas. Ce pont rejoignait directement Essaouira à Diabat avant d’être emporté par une crue dans les années 1990. La plage à l’embouchure de l’Oued Ksob est un bon site en période de migration pour l’observation à la longue-vue. Mais à cette période de l’année, nous n’avons pu voir que quelques espèces :
- Spatule blanche (Platalea leucorodia)
- Aigrette garzette (Egretta garzetta)
- Héron garde-boeufs (Bubulcus ibis)
-
Grand Cormoran de la sous-espèce marocaine (Phalacrocorax carbo marocanus)
-
Échasse blanche (Himantopus himantopus)
- Petit Gravelot (Charadrius dubius) : un adulte et un juvénile
Nous reprenons la voiture pour revenir vers la route et longeons l’oued. Au bord des berges sablonneuses, une Hirondelle paludicole (Riparia paludicola) est posée sur une branche et se laisse observer. Riparia vient du latin ripa, qui signifie rive. C’est bien là qu’elle creuse son nid dans le sable des rivages des cours d’eau, tout comme l’Hirondelle de rivage dont elle se distingue par des sous-caudales blanches. Paludicola signifie en latin « qui habite un pays de marais ».
Plus loin, plusieurs Cochevis huppés (Galerida cristata) traversent la piste au péril de leur vie, un Traquet oreillard (Oenanthe hispanica) est perché sur un buisson et un Gobemouche gris (Muscicapa striata) est aperçu.
Nous rentrons à l’appartement, situé au dernier étage d’un petit immeuble, dans un quartier hors les murs d’Essaouira et ressortons manger une harira et un tajine de poisson dans un restaurant sur la place Moulay Hassan.
Dimanche 22 juin : Départ d’Essaouira vers Imouzzer Ida-Outanane (Akesri)
Vers 09h30, nous revenons vers Essaouira pour observer un véritable ballet aérien de Faucons d’Eléonore (Falco Eleonorae) à l’entrée du port.
Le Faucon d’Eléonore, mondialement rare et vulnérable, niche en colonie sur des falaises côtières où il se réinstalle fin avril-début mai. Il les quitte à la fin octobre et au début novembre pour aller hiverner généralement à Madagascar. Deux colonies sont connues au Maroc dont la plus importante se trouve à Essaouira, l’autre étant à Salé. Il s’agit d’un grand faucon, aux ailes à la queue longues et étroites. L’adulte a le dos, la calotte et les ailes brun chocolat foncé, les rémiges du dessous grisâtres, la queue est finement barrée gris-brunâtre. Il existe une « forme sombre » dont le reste du plumage est brun chocolat comme les ailes et le dos, et une « forme claire » dont les parties inférieures sont rousses, fortement striées, à l’exception de la gorge qui est blanche unie et les joues blanches qui contrastent avec les moustaches et le reste de la face noirs.
Nous retournons à l’embouchure de l’Oued Ksob et observons :
- Faucon d’Eléonore (Falco Eleonorae)
- Petit Gravelot (Charadrius dubius)
- 1 Oie cendrée (Anser anser)
- 1 Canard colvert (Anas platyrhynchos)
- Mésange maghrébine (Cyanistes teneriffae ultramarinus)
- Mésange charbonnière (Parus major excelsus)
- Bergeronnette du Maroc (Motacila subpersonata)
- Pinson des arbres « africana » (Fringilla coelebs africana)
- Rougequeue de Moussier (Phoenicurus moussieri)
Nous quittons définitivement l’ancienne Mogador par la route côtière pour rejoindre Sidi Kaouki, spot recherché par les amateurs de kite, de surf et de windsurf. Mais nous ne nous attardons qu’un bref instant pour y boire un thé à la menthe avant de poursuivre jusqu’à Smimou où le souk hebdomadaire s’annonce quelques kilomètres avant le village par le parcage de nombreux ânes. Nous y achetons quelques tomates et concombres, un melon, du pain en vue du pique-nique du midi. Des pastèques énormes, des courges « verruqueuses », des pêches dorées, des fruits et légumes de toute sortes mais aussi des moutons et des chèvres couchés au sol, les pattes ligotées en attente de leur triste sort, des vêtements « made in China », des GSM, des produits d’entretiens aux couleurs fluorescentes, tout se vend, tout s’achète…
Au niveau de Tamanar, nous passons le barrage Igouzoulen tout près duquel nous observons une famille d’Agrobates roux (Cercotrichas galactotes), repérables à leur longue queue rousse à bout noir et blanc qu’ils dressent régulièrement et étalent en éventail. A Tigzirine, nous traversons le barrage Aït Hammou, rebaptisé S.A. Moulay Abdallah, situé sur l’oued Ougar, un affluent du Tamri. Il se trouve à environ 60 kilomètres au nord d’Agadir et, mis en service depuis 2004, il approvisionne en eau potable le grand Agadir, Tamri, Imzouane et Taghazout.
Plusieurs Guêpiers d’Europe (Merops apiaster) se font entendre avant d’apparaître dans le ciel, quelques Hirondelles rousseline (Cecropis daurica) et une Cisticole des joncs (Cisticola juncidis), invisible, chante à intervalles réguliers.
Nous ne continuerons pas par la côte et ne verrons pas les Ibis chauves à Tamri où ils nichent dans les falaises. Ils ne sont de toute façon pas en période de nidification et avec un peu de chance nous pourrons en voir du côté de Massa. Au niveau de la pointe d’Imessouane, nous prenons par les routes de montagnes pour rejoindre la Vallée du Paradis et les Cascades d’Imouzzer « de l’intérieur ».
Pas de rapaces en perspective pendant le trajet à travers la montagne mais une vue magnifique sur les cascades asséchées d’Imouzzer. Ensuite nous redescendons dans la vallée pour pénétrer la palmeraie de montagne surnommée la « vallée du paradis ». De son véritable nom « Taghrat Ankrim » en Amazigh, elle a été baptisée ainsi par un couple allemand qui, tombé malade, y séjourna pendant 6 mois et repartit complètement guéri. L’endroit fut également un important point de rassemblement pour les hippies durant les années 1960, en pleine période Flower Power. L’étroite vallée verte, qui longe l’Oued Ankrim sur une distance de 7 kilomètres, a longtemps été un oasis de quiétude connu des initiés uniquement. Des palmiers dattiers, des oliviers, quelques figuiers et bananiers, et en été toutes les plantes caractéristiques du climat aride, constituent l’essentiel de sa flore. Des lauriers roses envahissent le lit de l’oued, tandis que des plantes médicinales et aromatiques poussent sur les flancs des montagnes.
Enfin, après 1,800 km de piste depuis le village d’Akesri, nous arrivons au Douar Awssir dans le Riad de l’Olivier de Fairouz et Marc. Une magnifique villa avec quatre chambres d’hôtes disposées autour d’un patio et une immense salle de séjour répartie en plusieurs coins salon accueille les visiteurs. Une terrasse avec piscine domine la vallée avec une vue magnifique. Tout en profitant de la piscine, nous avons pu observer un Bruant zizi (Emberiza cirlus) se poser à plusieurs reprises sur la barrière de protection, entendre une Tourterelle des bois, voir un Chardonneret élégant (Carduelis carduelis), un Pinson des arbres (Fringilla coelebs africana), un Merle noir (Turdus merula) et un Hypolaïs obscur (Hippolais opaca). Le repas du soir préparé par la maîtresse de maison fut gargantuesque et chaleureux.
Lundi 23 juin : Départ d’Imouzzer Ida-Outanane (Akesri) vers Mirleft
Nous traversons Agadir pour rejoindre l’embouchure de l’oued Sous situé au sud de la ville. Depuis Inezgane, quartier périphérique d’Agadir, la route à suivre est celle du « Golf du Soleil » et du « Golf des Dunes ». Le site est réputé pour les oiseaux d’eaux, les Laridés et les limicoles et attirent de ce fait quelques rapaces selon les périodes de l’année.
Nous avons observé :
- Flamant rose (Phoenicopterus roseus)
- Spatule blanche (Platalea leucorodia)
- Barge rousse (Limosa lapponica)
- 2 Chevaliers guignette (Actitis hypoleucos)
- Cigogne blanche, en vol (Ciconia ciconia)
- Aigrette garzette (Egretta garzetta)
- Guêpier d’Europe, en vol (Merops apiaster)
Nous poursuivons la route jusqu’au village de Sidi Rbat pour déjeuner puis passons l’après-midi dans la réserve du Sous-Massa et observons sur la piste l’y conduisant :
- 1 Tchagra à tête noire (Tchagra senegalus)
- Hypolaïs obscur (Hippolais opaca)
- Pie-grièche à tête rousse, 2 jeunes + 1 adulte (Lanius Senator)
Dans la réserve-même :
- Courlis cendré (Numenius arquata)
- Courlis corlieu (Numenius phaeopus)
- Sterne hansel ( ?)
- Spatule blanche (Platalea lapponica)
- Grand Cormoran de la sous-espèce marocaine (Phalacrocorax carbo marocanus)
- Goéland sp
Arrivés près de l’embouchure de l’oued Massa, nous voyons :
- Petit Gravelot (Charadrius dubius)
- Gravelot à collier interrompu (Charadrius alexandrinus)
Nous quittons la réserve, légèrement frustrés de n’avoir vu que quelques espèces. Mais la période et le peu de temps consacré à l’observation en sont probablement la cause.
Nous longeons la côte par la piste et nous arrêtons le temps d’apprécier les reflets du soleil sur la mer et de voir les abris troglodytes des pêcheurs. Près du village de Sidi-Moussa-d’Aglou, nous distinguons sur un muret une Chevêche d’Athéna (Athene noctua). Les années précédentes, elle se trouvait déjà à cette place et s’était laissée photographier sans difficulté. Cette fois-ci, à l’approche du 4×4, elle se glisse imperceptiblement derrière les pierres pour ne plus réapparaître. Pas de prise de vue cette année. Aurions-nous été plus intrusifs que les fois précédentes ?
Nous repiquons vers la mer et côtoyons les dunes au sommet de la falaise. A quelques mètres du véhicule, des Courvites isabelle (Cursorius cursor) se laissent observer en gardant une certaine distance.
Nous arrivons à Mirleft en début de soirée et prenons un appartement dans une villa avec très belle vue sur mer. Ce petit bourg encore peu développé au niveau touristique est accroché à flanc de collines abruptes. Bâti en 1935, un vieux fort en ruine semble toujours veiller sur la rue principale bordée d’arcades bleuies où l’on trouve un assortiment d’échoppes proposant des produits locaux ou artisanaux et des petits restaurants. C’est là que, chaque soir, se retrouvent les touristes et la jeunesse de Mirleft.
Mardi 24 juin : Départ de Mirleft vers Tafraout
Le lendemain matin, la rue est désertée. Seuls quelques chibanis sirotent leur thé vert à la terrasse d’un café. Alors que nous prenons notre petit déjeuner sous les arcades, je repère deux fresques au pochoir de C215, alias Christian Guémy sur la colonnade faisant face au café. Elles font probablement partie d’un projet artistique et culturel réalisé il y a quelques années en collaboration avec les habitants et commerçants de la ville.
Entre Mirleft et Sidi Ifni, la rencontre de la chaîne montagneuse de l’Anti-Atlas et de l’océan Atlantique a créé de hautes falaises plongeant dans l’océan. Les arches de pierre rouge sculptées par les flots enjambent la plage de sable fin de Legzira, « la petite île ». Les oiseaux sont discrets ce matin sur la plage… Le paysage que présente l’arrière-pays est formé de grandes collines peuplées d’opuntia donnant les figues de Barbarie, de palmiers et d’arganiers.
Le parcours se poursuit par la piste longeant la côte jusqu’à l’embouchure de l’oued Noun à Foum Assaka où nous nous arrêtons pour une observation peu convaincante. Nous traversons l’oued sur un tarmac goudronné et continuons la piste. Alors que nous entamons une légère ascension, je vois du mouvement sur ma droite et crie instinctivement : « des dromoïques, je suis quasi sûre ! ». Un groupe de petits oiseaux de couleur sable sautille parmi les cailloux. Ils sont difficiles à voir et c’est par le mouvement que l’on peut les repérer, par leur longue queue étroite et foncée tenue souvent levée et par leur calotte striée de noir. Impossible de les confondre avec une autre espèce étant donné la taille, la silhouette et l’habitat. Il s’agit bien de Dromoïques du désert (Scotocerca inquieta saharae). Une « coche » pour nous tous ! Nous les attendions tellement, Véronique et moi !
Nous continuons jusqu’à Sidi-Mohamed Labiar, là où s’achève la piste et où commence la plage la plus longue et la plus sauvage du Maroc. Au milieu des dunes sahariennes, ce site paradisiaque fut surnommé Playa blanca par les navigateurs espagnols. Exceptés les cabanes de pêcheur, quelques restaurants, ou encore les campements sahraouis, la Plage blanche est une étendue sauvage de sable fin qui risque de ne plus l’être bien longtemps, car un vaste projet de construction balnéaire devrait être réalisé prochainement… La marée montante nous empêche de descendre sur la plage mais avant de continuer notre route en direction de Guelmim, deux oreilles rousses dressées derrière les dunes attirent note attention. A notre approche, elles disparaissent à tout jamais derrière les rochers. Omar, en expert du désert, tente de repérer la tanière du renard mais celui-ci nous épie certainement du fond de son trou, prêt à déguerpir à la moindre alerte. D’après la taille et la couleur des oreilles, il s’agit probablement d’un Renard roux pré-désertique (Vulpes vulpes) : oreilles plus grandes que le Renard roux boréal, pelage plus clair et moins dense.
Nous nous arrêtons plus loin pour le pique-nique, où l’oued coule sur d’énormes pierres plates, formant par endroit une petite cascade. Plusieurs Hirondelles de rivage (Riparia riparia) nous font une démonstration de capture d’insectes en vol et au ras de l’eau. Un couple d’Échasses blanches (Himantopus himantopus) passe d’un bout à l’autre de la rivière et quelques Petits Gravelots (Charadrius dubius) farfouillent dans la vase à la recherche de micro-aliments.
De nombreux Ecureuils de Berbérie (Atlantoxerus getulus) jalonnent la piste sur quelques kilomètres de montée, se faufilant entre les pierres à notre approche. Ces petits rongeurs à la queue touffue et aplatie ont le pelage gris-brun rayé de trois bandes. Nous ne nous attardons pas à Guelmim et rejoignons Tafraout en passant par Fask, Irherrhar, Ifrane de l’Anti-Atlas et Tiffermit. La route qui mène directement de Tiffermit à Tafraout nous fait traverser de magnifiques paysages de l’Anti-Atlas. Villages de montagne aux anciennes maisons en pisé et toit plat s’agrippent sur les versants. Les constructions récentes, si elles gardent une forme assez traditionnelle, s’élèvent en parpaings de béton et se colorent de rose. A l’approche de Tafraout, les premiers amandiers apparaissent. Nous logeons à l’Hôtel L’Arganier d’Amelne, à 4 km du centre de Tafraout. Ce petit hôtel simple et sans prétention est très accueillant, les chambres propres et le personnel sympathique. La terrasse offre une très belle vue sur les montagnes. Un agréable petit jardin intérieur se voit aménager en piscine prochainement…
Nous sommes seuls dans la salle de restaurant où un petit chat et sa maman viennent nous tenir compagnie pendant que nous est servi le plat régional : un poulet à l’amlou. Des chants berbères et le rire des jeunes femmes venant de la cuisine ont égayé notre repas.
Avant d’aller nous coucher, nous prenons la voiture et allons faire un tour au village. Celui-ci s’articule autour de la place Mohamed V, qui dispose de banques et d’une poste ainsi que des indispensables petits cafés et restaurants. Pour l’heure, l’animation commence à décroître, les commerces ferment leurs portes et nous ne verrons pas le jour du souk qui a lieu le lendemain, aux abords de la place.
Mercredi 25 juin : Départ de Tafraout vers Marrakech
Le petit déjeuner est servi sur la terrasse, face aux montagnes de granit roses. Au menu, l’amlou, sorte de pâte à tartiner à base d’huile d’argan d’amandes et de miel, les msemen, crêpes feuilletées carrées faite de semoule, l’huile d’olive et le thé à la menthe. De quoi nous caler les côtes pour la matinée. Sur la route montagneuse qui mène à Aït Baha, un rapace difficilement identifiable nous arrête un instant. Posé sur un pylône électrique, il a toute la majesté d’un Aigle royal (Aquila chrysaetos), un bec puissant gris avec la cire jaune, le plumage brun foncé, la nuque et les sous-caudales brun-roux. L’identification se confirme lorsque l’oiseau prend son envol et déploie ses longues et larges ailes.
Un peu plus loin, des Roselins githagines (Bucanetes githagineus) se dissipent à notre approche et volettent par petits groupes de rocher en rocher.
Vers Taroudant, la route est jalonnée de Pies-grièches méridionales et à tête rousse, quelques Traquets rieurs (Oenanthe leucuria), des Tourterelles des bois. Dans la vallée de l’oued Sous, entre Taroudant et Ouled Berhill, un couple de Courvites isabelle se laisse observer sans trop de méfiance.
Pour rejoindre Marrakech, la route la plus spectaculaire et la plus pittoresque est sans aucun doute celle qui passe par le Tizi-n’Test. Une route goudronnée mais étroite permet de franchir l’Atlas par le col routier à 2 092 m d’altitude. Trop sinueuse pour être empruntée par des camions, elle est peu fréquentée et est parfois coupée en hiver par la neige. Cet itinéraire permet de découvrir les panoramas variés et grandioses du Haut-Atlas avec ses villages de terre et ses cultures en terrasses. En quittant Taroudant nous traversons la riche plaine du Sous et ses champs d’arganiers, l’occasion de voir quelques chèvres dans les arbres montées spontanément, cette fois. Puis nous commençons la montée du col.
Lauriers roses, pins d’Alep, cyprès, genévriers rouges, thuyas et chênes verts, se succèdent. A l’approche du col, genévriers et chênes verts ne forment plus qu’un piqueté épars farouchement enraciné afin de pouvoir résister à l’érosion permanente de l’argile qui lui sert de support. La route débouche au col sur un panorama qui embrasse toute la plaine du Sous, légèrement embrumée. Un hôtel-restaurant sagement intitulé « La Belle Vue » attend les visiteurs de passage tandis qu’un marchand de minéraux et de plats à tagine offre l’arrière de sa camionnette comme échoppe de fortune.
Passé le col, nous nous arrêtons sous un arganier pour notre traditionnel pique-nique. Nous entendons des guêpiers et Véronique aperçoit un Pinson des arbres femelle (Fringilla coelebs africana) au-dessus de nous. En déplaçant la pierre destinée à lui servir de siège, Omar a la surprise d’y trouver un petit scorpion jaunâtre. Véronique et moi sommes à notre affaire et le mitraillons de photo. Mais, Omar, en guide expérimenté, une fois la séance photo terminée, l’éloigne à l’aide d’un bâton et le transperce pour éviter tout accident. Je ne peux m’empêcher d’y voir une certaine injustice. Était-il vraiment dangereux ? Nous aurions pu l’écarter et être vigilants, et il n’y a guère d’affluence dans les environs pour que quelqu’un ne tombe dessus et se fasse piquer…
Nous continuons notre chemin jusqu’à la mosquée de Tinmel où j’espère voir les Rolliers d’Europe, habituels nicheurs de la région. Une chienne et sa meute de chiots nous accueillent, quelques moineaux domestiques s’ébattent dans les trous de murs de la mosquée, mais de rollier, il n’y en a point. Il me semble en entendre et en apercevoir un au loin. Sans grande certitude. Aux abords du chemin qui mène à la mosquée, un Gobemouche gris (Muscicapa striata) posé sur la fine branche d’un arbre nous attend à notre retour.
Notre circuit se termine dans ce haut lieu de l’histoire médiévale, berceau de la dynastie almohade. C’est en effet de ce petit village de la vallée du Nfis que sont partis les conquérants almohades conduits par le guide spirituel Ibn Toumert puis par le grand conquérant Abd al-Moumen Ibn Ali, à travers le Maroc. Après la prise de Marrakech en 1147, Tinmel devient la capitale spirituelle du nouvel empire. Datant de cette époque, la mosquée de Tinmel se caractérise par sa structure, l’équilibre des éléments et sa décoration florale. La salle de prière est distribuée en neuf nefs longitudinales perpendiculaires à la direction de la Mecque. Tout cela fait de ce monument historique un chef d’œuvre de l’art almohade.
Circuit organisé par Isabelle Six et Omar El Achab, assistance ornithologique de Véronique Adriaens, rapport rédigé par I. Six
Bibliographie
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Les oiseaux du Maroc. Guide d’identification, GOMAC et Holcim Maroc, textes de J. Franchimont, V. Schollaert, B. Maire, Paris, Ibis Press, 2010.
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Guide des mammifères d’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, S. Aulagnier, P. Haffner, et al., Paris, Delachaux et Niestlé, 2008.
-
Guide des merveilles de la nature. Maroc, Eric Milet, Paris, Arthaud, 2007.
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Guide des rapaces diurnes. Europe, Afrique du Nord et Moyen-Orient, Benny Génsbol, Paris, Delachaux et Niestlé, 2005.
-
A bidwatchers’ guide to Morocco, Patrick and Fedora Bergier, Bird Watchers’Guide, Prion Ltd, 2003.
-
L’étymologie des noms d’oiseaux, P. Cabard et B. Chauvet, Paris, Belin, 2003.
Salut Isabelle ,MJ et moi avons appréciés cet article consacré aux oiseaux , nous les aimons beaucoup . Nous avons surtout apprécié les drôles d’oiseaux sur l’arganier. A bientôt